Cantonale Berne Jura 2022 | 2023
Cantonale Berne Jura
4.12.2022 – 22.01.2023
Olivia Abächerli
Margaux Bula
Nico Dimitri
Nicole Hametner
Margaux Huber
Bianca Pedrina
Hans-Maria Schlangenfresser
Daniel Kurth
Lino Muff
Stella R. K. Spinedi
Lukas Veraguth
Vernissage, dimanche 4 décembre à 16h
Finissage, dimanche 22 janvier à 16h
Heures d'ouverture:
jeudi 17h30 – 19h30
samedi 10h – 12h et 13h30 – 17h30
dimanche 13h30 – 17h30
Entrée libre
C’est par le leurre de la familiarité que se réunissent les œuvres des onze artistes sélectionné·e·s pour la Cantonale 2022-2023 à l’EAC (les halles). En dialogue dans le même espace, elles se questionnent les unes les autres et dévoilent ainsi les équivoques de ce qui nous paraissait commun. Petit à petit, les installations, sculptures, peintures, photographies, sons ou vidéos se déjouent.
À première vue, une tranquillité règne dans l’espace. Aménagé, un ordinaire attend. Pourtant, ici, il est question de basculement.
Une moquette grisâtre déploie les souvenirs d’autres lieux. Elle recouvre, cache, promet un soulèvement (Margaux Huber,1996*). Du même mouvement, deux toiles s’étirent au mur, marquent des volumes géométriques en couleur et en duel, refusent une droiture (Lukas Veraguth, 1985*). Plus loin, des morceaux de bois s’érigent à leur tour, se font monument, puis décor. L’agrandissement photographique de l’habitat précaire et minuscule ouvre un nouvel espace, encore flou (Nicole Hametner, 1981*).
Une odeur reconnaissable de bétadine s’émane. La fresque orangée donne corps à une cicatrice. Avec lenteur, le temps la résorbe ; elle disparaît déjà (Margaux Bula, 1991*). D’autres temporalités s’enlacent sur quatre feuilles : des mots imprimés s’y promènent, tournent en rond, se chevauchent mais surtout, jouent de leurs sens et de leurs supports, s’imaginent ailleurs (Hans-Maria Schlangenfresser, 1986*). Sur l’écran, les paroles sont cette fois arrêtées. L’image de l’homme qui les accompagne, figée. En surface, on zoome sur les profondeurs, on gribouille une pensée, pour comprendre une trahison : l’archive vidéo du grand-père qui désapprouve le droit de vote aux femmes suisses (Olivia Abächerli, 1992*).
Au sol, un carton entrouvert, laisse deviner un tissu bleu, une potentialité à déballer (Bianca Pedrina, 1985*). Alors qu’au mur, l’image en noir et blanc d’un mouton couché nous laisse confondre le motif du poil et de l’herbe. L’animal étendu glisse dans un soupçon, suspendu entre sommeil et mort (Nico Dimitri, 1985*). Mystérieuse, une boule de plomb patiente. Elle représente le poids exact de celle qui l’a fabriquée. Le corps attend (Stella R. K. Spinedi, 1999*). Tandis que celui d’un homme s’affaire à nettoyer. Dérangé, il immobilise son geste dans une scène peinte, étrangement familière (Lino Muff, 1986*).
Et puis sans cesse, une voix mécanique réclame la nuit en plein jour puis le jour à la nuit. Le bleu se confond au noir. La temporalité s’accélère, se répète malgré tout. Le poème enrobe l’espace, murmure le renversement à venir (Daniel Kurth, 1985*).
Caroline Bourrit, membre du jury
Jury: Caroline Bourrit, Maude Queloz, Philippe Queloz, Sébastien Strahm