Pusha Petrov | Emmanuel Wüthrich
PASSER (VII)
Passer (VII)
Pusha Petrov | Emmanuel Wühtrich
28.06 – 13.09.2020
Invité par l’espace d’art contemporain (les halles) de Porrentruy, Emmanuel Wüthrich (*1969, Jura) expose pour la première fois la totalité de ses 18 années de travail quotidien autour du cyanotype. Le septième volet du cycle Passer propose aux visiteurs des milliers de prises de vues d’instants uniques - un espace-temps compris entre le 1er janvier 2002 et aujourd’hui.
L’artiste jurassien a souhaité collaborer avec Pusha Petrov (*1984, Roumanie) qu’il a rencontrée en 2019 lors de sa résidence à la Cité internationale des arts à Paris. Les deux artistes se retrouvent autour du procédé du cyanotype et créent une œuvre originale pour l’édition qui paraît à l’occasion de l’exposition.
Emmanuel Wüthrich s’impose un rythme dans son art: depuis le 1er janvier 2002 il fait un cyanotype par jour. Ce procédé photographique permet d’obtenir un négatif en exposant une surface photosensible aux rayons ultraviolets. L’artiste cherche à conserver une trace quotidienne déterminée par une constante: une durée de 24 heures. L’image obtenue, un négatif monochrome bleu de Prusse de 8 par 10 centimètres, révèle une empreinte unique de lumière. Ce projet, toujours en cours d’évolution, compte aujourd’hui plus de 6'750 prises de vues.
L’artiste a choisi d’exposer pour la première fois l’intégralité des cyanotypes. Les images saisies du 1er janvier 2002 au 31 décembre 2019 sont disposées sur deux murs de l’espace d’exposition. Mis bout à bout, tel un gigantesque calendrier, les jours se succèdent et forment des semaines, des mois, des années. Ainsi rassemblées, ces traces se révèlent et deviennent des témoins du temps qui passe, telle une constante universelle, mais également une évocation du temps qu’il fait, ou faisait, comme un garde-fou d’une mémoire vacillante. La disposition des cyanotypes met le spectateur face à une fatalité: les jours se succèdent et se transforment en semaines, mois, années. Véritable métaphore de l’existence, cette réalisation rappelle le caractère éphémère et précieux de la vie. L’artiste présente l’année 2020, en cours de réalisation, dans sa boîte, exposée fermée. Cette mise en scène renvoie à la période de confinement que le monde a récemment connu.
L’édition réalisée dans le cadre de l’exposition est signée par Pusha Petrov et Emmanuel Wüthrich. Les deux artistes abordent une problématique similaire dans leur œuvre personnelle: ils questionnent notre rapport aux objets. Ici, ils ont nourri une réflexion commune autour de la notion de transmission et ont créé des cyanotypes sur des courroies en cuir plates. Présentées à même le sol, tels des chemins de vie, certaines courroies sont agrafées les unes aux autres, certaines marquent des ruptures, d’autres forment des nœuds. La mise en scène évoque les différentes étapes de l’existence. Ces phases se retrouvent également inscrites directement sur le cuir. Les cyanotypes révèlent des fragments d’objets dits transitionnels. L’édition porte le titre de NO[eu]D. C’est un jeu de mots entre le français et le roumain : nœud en roumain se dit nod ; les deux lettres restantes, eu, signifient je. Le titre inscrit le changement de rapport et souligne l’approche plus personnelle de la démarche.
L’édition, au centre de l’espace, dialogue avec les photogrammes présentés au mur. Les deux œuvres se répondent chacune dans sa propre dimension : une approche universelle – un zoom out– ceint une expression plus subjective – un zoom in.
www.ewuthrich.ch
www.pushapetrov.com
Prochaine exposition:
Barbezat – Villetard
26.09 – 22.11.2020