Impressions
Exposition de travaux réalisés dans le cadre de la classe artistique 2015 de la Fondation Pérène conduit par Romain Crelier. Le film documentant le déroulement des différents ateliers, réalisé par Philippe Queloz, sera présenté dans le cadre de l'exposition.
Fondation Pérène: vernissage de la 1ère volée des classes artistiques à l’Espace d’art contemporain (les halles) à Porrentruy, vendredi 21 août à 18h.
Une première qui en appelle d’autres
Cela fait plusieurs années que la Fondation Pérène œuvre pour mettre en place un dispositif durable de « classes artistiques » dans son programme scolaire, et l’exposition qui sera vernie le vendredi 21 août en est le premier résultat visible publiquement.
Il ne s’agit donc pas d’un événement ponctuel, et la deuxième volée des classes artistiques de la Fondation Pérène est déjà à l’œuvre en ce début d’année scolaire 2015. On notera que pour l’instant ces classes artistiques sont financées avec les fonds propres de la Fondation. Le choix du domaine artistique travaillé est libre et varie d’une année à l’autre, faisant l’objet d’une invitation à un artiste engagé pour l’année.
Ce sont trois classes formées d’élèves en provenance de toute la Fondation Pérène qui ont travaillé, durant l’année scolaire 2014-2015 avec le graveur et sculpteur Romain Crelier, tous les mercredis matin de l’année scolaire, accompagnés par des éducateurs et des enseignants.
La pratique artistique permet de créer un espace d’expression commun, afin de réduire les catégorisations et les cloisonnements, et provoque par là même une occasion de vivre ensemble. La Fondation Pérène est à cet égard particulièrement reconnaissante à l’Espace d’Art Contemporain (les halles) de leur ouvrir ses portes, ce lieu symbolisant la création artistique contemporaine.
Le rôle d’artiste invité-e
L’artiste doit avoir une maîtrise reconnue dans son domaine, une sensibilité pédagogique ou éducative, une sensibilité au handicap, du goût et des compétences pour le travail en équipe, puisqu’il devra collaborer étroitement du début à la fin de l’année scolaire avec les professionnels de la Fondation. Il est par ailleurs garant de la qualité du produit fini, et est responsable de la médiatisation du travail.
On comprend alors que cette fonction est complexe, que le rôle d’« artiste invité-e » est difficile à tenir. Reconnu pour l’exigence qu’il maintient dans la définition et la réalisation de son propre parcours artistique, ainsi que pour la proximité qu’il cultive entre art et artisanat, entre réflexion et action, M. Romain Crelier était la personne idéale pour inaugurer ce dispositif. L’un des risques de ces classes artistiques serait de voir l’artiste chercher par exemple à imposer ses conceptions du beau et du bon. Il faut ainsi un certain détachement à l’artiste par rapport à sa propre démarche, puisque son nom sera malgré tout lié au résultat final. Accepter qu’autrui, aussi différent est-il de soi-même, puisse nous être rattaché, implique plus que de la vraie modestie, et la Fondation Pérène tient à relever la qualité de présence et de travail de Romain Crelier.
Art et programme scolaire
Des liens importants sont établis entre les arts et d’autres domaines du programme d’études. Beaucoup de programmes d’éducation artistique contiennent des compétences clés à acquérir, telles que par exemple le développement des compétences sociales et de communication ou l’apprentissage de règles, et l’objectif spécifique d’encourager les liens entre les matières artistiques et les autres matières d’étude est fixé dans plusieurs programmes scolaires.
Ce thème de l’éducation artistique devient un sujet prégnant dès qu’on aborde la question du handicap. Dans quelle mesure les enfants et adolescents en situation de handicap bénéficient-ils du même accès aux activités artistiques que les enfants et adolescents des écoles publiques? Quelle est la place de l’art dans le monde du handicap? Quelle est la place du handicap dans le monde de l’art?
Quand on parle d’accès aux savoirs par la pratique artistique, il convient de préciser de quels savoirs il s’agit. L’expression d’une pulsion artistique spontanée, et l’apprentissage d’une technique artistique, sont deux domaines qui font appel à des ressources psychologiques, et à des ressorts mentaux et pédagogiques différents.
L’implication directe de l’enfant dans l’art est un objectif majeur, la consigne doit être claire, précise, unique. Le rôle de l’animateur est de maintenir l’effort et l’attention, l’action médiatrice des adultes étant la clé du succès.
Un bilan positif
Le bilan que tirent les différents acteurs de ce projet est positif: mais tout le monde pourra se faire sa propre idée sur cette démarche, puisqu’en même temps que l’exposition, un documentaire réalisé par Philippe Queloz et réalisé en cours d’année dans les classes, sera présenté. L’exposition se tient jusqu’au 30 août, et chacune et chacun est cordialement invité au vernissage.