Stéphane Montavon, Gilles Lepore, Antoine Chessex Collectif MML
L'Appeau
Projection quadriphonique
Dimanche 30 avril 16h00 à l'EAC (les halles)
en présence de Stéphane Montavon et de Gilles Lepore
L’espace d’art contemporain (les halles) présente deux créations réalisées par Stéphane Montavon (1977, Delémont).
Les deux pièces viennent compléter une série de quatre constituant l’opus intitulé L’Appeau (1) initié en 2015 avec Antoine Chessex (1980), compositeur vaudois de musique contemporaine, et Gilles Lepore (1972), vidéaste et graphiste jurassien expatrié à Cracovie qui lui-même collabore avec 2 frères polonais, Maciej Madracki (1984) et Michal MadrackI (1979), au sein du collectif MML.
Stéphane Montavon poursuit son travail de recherche poétique, filmique et sonore depuis 2005 au travers de nombreuses collaborations avec notamment Gilles Aubry, Augustin Rebetez ou encore Raphael Cuomo & Maria Iorio. S’identifiant à un chasseur de son, Montavon parcourt le monde micro au poing pour fixer aussi bien des situations quotidiennes que de crise, ainsi que les entrelacs de voix qui les hantent. Puis recoupant entre elles ces voix et ces atmosphères, il compose des pièces sonores docu-fictionnelles qu’il diffuse tantôt en extérieur, tantôt en black-box au moyen de multiples hauts-parleurs. Ses bains de son, auxquels viennent parfois se juxtaposer des titrages ou des bandes-images, jouent sur la discrépance audio-visuelle, questionnent nos postures d’écoute ainsi que les « dires » de notre temps: sur la guerre (Camp Victory, 2005), sur le chez-soi (Dalle sur sous-sol, 2009), sur le paysage (Wirvwar, 2010), sur la sur-puissance (Bolidage, 2012), sur l’esprit (Les épneumés, 2015), sur l’épuisement (Nous sommes gratuits, 2016), sur la Révolution (Trahir la place, 2016), sur la résonance pure (L’invisible, 2016).
(1) Un appeau est un instrument utilisé pour produire un son ou un bruit particulier attirant les oiseaux ou le gibier.
TRAHIR LA PLACE
film quadriphonique de Stéphane Montavon et MML autour du basculement de la révolution égyptienne, 2016, 46'.
- AUDIO: Direct enregistré par Stéphane Montavon (JU) le 9 mars 2011* à Tahrir Square, coeur du Caire et de la révolution égyptienne, à ce moment où la place, que des manifestants appartenant à des mouvements citoyens, des ONGs et des partis libéraux, occupent depuis le 25 janvier, campant au centre du rond-point, est assaillie par les réactionnaires qui réclament leur départ, afin que le trafic automobile et les affaires reprennent. Cette populace est emmenée par des baltaguias, des nervis à la solde du régime qui est en train de sʼeffondrer, et ceci alors même que Moubarak est déjà tombé. Les révolutionnaires nʼont plus quʼà espérer quʼon ne torturera pas ceux des leurs qui ont été arrêtés, et que la masse de personnes descendues dans la rue à la suite de leur mouvement sera écoutée. En soirée, on fait le bilan de ce 9 mars. Un peu plus tôt, lʼarmée a assisté sans agir au saccage par des hommes de main du NPD, le parti de Moubarak du très symbolique camp de tentes, et les révolutionnaires quʼelle a arrêtés à cette occasion seront jugés au tribunal militaire. De même, les jours précédents, elle avait assisté sans réagir aux attaques et tueries ayant eu lieu en marge de manifestations, à Tahrir ou devant les ministères. Elle a elle-même a tué des manifestants. Le peuple égyptien est encore une fois trahi par sa chère armée. Or la révolution, pour ses acteurs, est par excellence changeante. Et elle est encore à achever. Car la liberté, maintenant quʼelle a été éprouvée, sera nécessairement poursuivie à nʼimporte quel prix. Dans la nuit qui vient, lʼarmée prendra avec ses chars le contrôle du rond-point, évacuera les tentes dévastées, nettoiera les banderoles, et ce faisant, elle tiendra les témoins à distance, interdisant à quiconque de prendre des photos. Dès lors quʼon la vide de son coeur et que la révolution bascule, la narration se dissout. Ne restent que quelques voix captées à la dérive dans les alentours de Tahrir Square et, deux jours plus tard, en Alexandrie.
- VISION: Vidéo par MML (JU, PL) réalisée notamment à partir d'images prises au mobile durant les événements de mars 2011, puisées dans l'archive d'Ashraf Ibrahim, activiste, écrivain, peintre et historien de la Révolution égyptienne.
Stéphane Montavon: www.re-implant.blogspot.com
MML: http://alternativa-gdansk.pl/mml-studio/
Production maison avec le soutien de
- Fonds de coopération BS-JU
- Fonds de coopération TdB-JU
- Pro Helvetia Cairo
- Fri-Art, Fribourg
- Espace multimedia gantner, Bourogne & Conseil Général 90.fr F, TdB
- Migros KulturProzent
- Ernst Göhner Stiftung
* Voir le rapport de Human Rights Watch: https://www.hrw.org/news/2011/03/11/egypt-endtorture- military-trials-civilians
L'invisible
pièce quadriphonique, 32', 2016
L'invisible est une pièce « in-situ » pour contrebasse et trombones, d'après une partition orale d'Antoine Chessex et enregistrée à l'anglaise dans le pont autoroutier de Ottmarsheim (D/F). Les singularités du paysage sonore de ce « non-lieu » transfrontalier sont sa longue réverbération et les détonations que les véhicules en passant sur le joint de dilatation du pont provoquent à l'intérieur.
Contrebasse: Aleks Gabrys
Trombones: Sebastian et Artur Smolyn
Partition: Antoine Chessex
Enregistrements: CarlY et Stéphane Montavon
Montage quadriphonique: Stéphane Montavon