Fred Fischer / Walter Fischer
Fred Fischer & Walter Fischer
L'espace d’art contemporain (les halles) propose une exposition intitulée It's perhaps perverted poetry sous la forme d’un dialogue entre Fred Fischer et son père Walter.
Sous son aspect monumental, le travail présenté cache une accumulation de propositions où se
mêlent parfois humour grinçant et propos extrêmement tangibles. Par la juxtaposition et l'enchevêtrement d'images, de textes et de formes, chaque oeuvre fusionne et résonne avec la suivante, constituant une zone floue propice aux pensées incertaines et à la création d'intelligence* poétique là où notre regard rationnel se contenterait d'y voir une réalité désenchantée.
L'installation Rotatoir présentée par Fred Fischer se veut ambiguë. De l'extérieur on y voit une
construction en bois recouverte d'inscriptions et d'images chaotiques insultant parfois la théorie bien pensante. Cette « Tour de Babel » de la conscience humaine pourrait être « le pivot qui réunissait le ciel et la terre et assurait l’unité de l’Univers ». Mais il semble qu'elle s'emploie à brouiller nos concepts et à altérer nos certitudes, mêlant des approches très diverses allant du minimal au baroque, de la figuration à l’abstraction, associant les sujets risibles aux plus existentiels. Cette ruine taguée, en perpétuelle reconstruction, ou vestige d'un cénotaphe à la mémoire de l'humanité fait la critique et l'éloge d'un corps social plein d'extériorité et vide d'intériorité. L’intérieur de l'oeuvre crée une sensation rotatoire souvent accompagnée de signes de la lignée vagale nous poussant à une quête mystique bancale et à un abandon au vide. Elle voudrait nous confronter aux dimensions inconnues de l'existence et à cette difficulté de s'extirper de notre condition terrestre.
Les travaux présentés par Walter Fischer ont pour point commun un dolmen nommé Combioule se trouvant dans le Val d’Hérens (VS). Il aborde dans ce contexte un art de la perception, ainsi qu’il le formule: « Un regard attentif qui se pose sur une bouteille ou un nuage - ou sur n'importe quel fait visuel - est changé. L'attention se répartit autrement dans le champ visuel, les lignes de force qui canalisent cette attention se déforment, le corps lui-même s'implique autrement dans les matières qu'il saisit, etc. Et des faits visuels, des phénomènes, apparaissent (avec quelle fraîcheur !) et d'autres s'effacent. L'art du regard, art du promeneur, peut se suffire à lui-même et ne pas laisser de traces dans un tableau. Mais un art du regard, même vague, précède toujours l'art de l’oeuvre. » Walter Fischer exerce l'art du tableau à
partir des impressions, des idées, des intuitions et des sensations qui émanent de l'art de sa perception.
« Le résultat peut sembler chaotique, mais il correspond au jaillissement imprédictible des étincelles qui
fusent des évents du grand feu d'artifice que déclenche toute perception attentive d'un fait visuel. »
*dans son sens étymologique inter (entre) ligare (lier) ou aptitude à lier des éléments entre eux.
Fred Fischer produira une édition à l’occasion de l’exposition
L’exposition bénéficie du soutien des offices de la culture des cantons de Neuchâtel et du Valais
Prochaine exposition: 02.12.2012 - 20.01.2013 | Marrakech Press