Emilio Lopez-Menchero
Emilio Lopez-Menchero
L’EAC (les halles) présente une installation réalisée par Emilio López-Menchero qui s’inscrit dans la continuité du projet de dialogue entre des artistes du Jura et de la communauté francophone de Belgique.
Emilio López-Menchero (1960), d’origine espagnole, vit et travaille à Bruxelles. Architecte de formation, il met en scène son histoire personnelle et sa réflexion sur la société au moyen des différents médias, que se soit sculpture, dessin, installation, performance, photographie ou peinture. L’artiste doit sa notoriété notamment aux œuvres qu’il réalise dans le cadre de son concept-performance "Trying to be", série de photos, de performances vidéo et d’autoportraits représentant des personnages légendaires. L’installation intitulée H2 / H1, présentée à l’EAC (les halles), fait référence à la désignation des deux zones territoriales séparées de la ville d’Hébron, en Cisjordanie, où colons israéliens et habitants palestiniens vivent les uns sur les autres dans une tension conflictuelle permanente, extrêmement violente, séparés par une frontière horizontale, constituée d’un grillage suspendu continu recouvrant la totalité des ruelles du souk de la ville. Ce grillage aérien sert à retenir tous les déchets jetés volontairement par les colons sur les Palestiniens. Le dispositif installé aux halles, tout en évoquant directement cette situation, s’enrichit d’un sens nouveau. Il se mute en une forme de percolateur monumental dont la fonction est aussi de filtrer, donc de trier. Au-delà du stéréotype de cette Suisse propre-sur-elle, l’installation H2/H1 est une transplantation d’une réalité d’un lieu à un autre, ce qui prend tout son sens, particulièrement dans le Jura, où les questions culturelles et identitaires sont toujours d’actualité.
Jean-Michel Botequin, dans un texte consacré à la pièce de Menchero, cite Jacques Rancière 1 qui évoque les paradoxes de l’art politique en ces termes: « Le problème, ne concerne pas la validité morale ou politique du message transmis par le dispositif représentatif. Il concerne ce dispositif lui-même. Sa fissure laisse apparaître que l’efficacité de l’art ne consiste pas à transmettre des messages, donner des modèles ou des contre-modèles de comportement, ou apprendre à déchiffrer les représentations. Elle consiste d’abord en disposition des corps, en découpage d’espaces et de temps singuliers qui définissent des manière d’être ensemble ou séparés, en face de ou au milieu de, dedans ou dehors, proches ou distants ».
1) Jacques Rancière est philosophe, professeur émérite à l'Université de Paris VIII.
Emilio López-Menchero réalisera une édition dans le cadre de l’exposition.
www.emiliolopez-menchero.be/
L'exposition bénéficie du soutien de